Extrait de la préface de Nardo VICENTE Professeur Émérite à l'Université Paul Cézanne, Responsable Scientifique de l'Institut Océanographique Paul Ricard, Membre de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille
À la fin de la dernière grande période glaciaire, il y a environ douze mille ans, se sculpta le relief que nous admirons aujourd'hui dans ce calcaire urgonien massif truffé de fossiles, qui fait le bonheur des paléontologues, mais aussi des escaladeurs et des randonneurs. Quand on parle des Calanques, il est impossible d'en dissocier les îles de l'archipel de Riou jadis rattachées au continent. Leur faune et leur flore tant terrestres que marines sont d'une grande richesse, et les tombants rocheux sont des hauts lieux de la plongée sous-marine.
Calanques, si proches, si lointaines Photographies de Gilles Martin-Raget, textes de Juliette Lambot. Édition Crès - eanna éditions (3ème réédition de novembre 2013). Format relié : 310 mm x 430 mm, 260 pages.
Le littoral des Calanques et sa roche calcaire accidentée constituent les plus beaux tons de la Méditerranée occidentale. Les rejets grandissants de la Ville avaient fait disparaître de nombreux habitats et leurs espèces qui peuplaient ces fonds admirables. Aujourd'hui, avec la mise en service d'une station d'épuration performante, la vie réapparaît. L'une des caractéristiques du littoral des Calanques, c'est la présence de nombreuses grottes sous-marines, très connues des plongeurs et des scientifiques marseillais. Elles furent édifiées il y a trois ou quatre cent mille ans ; on en compte de quinze à vingt entre Marseille et Cassis, dont les plus connues sont celles du Figuier, de la Triperie et des Trémies, situées à une vingtaine de mètres de profondeur. Elles s'enfoncent parfois dans la roche sur plusieurs dizaines de mètres, ménageant ainsi des salles immenses et des boyaux obscurs. L'écoulement de l'eau calcaire a façonné des stalactites et des stalagmites qui, en se rejoignant, ont constitué de véritables piliers de cathédrale. Le plancher est occupé par une vase pulvérulente que les palmes des plongeurs soulèvent, réduisant la visibilité et rendant la visite dangereuse si l'on n'a pas pris la précaution d'utiliser un fil d'Ariane pour retrouver la sortie. Mais la plus belle et la plus grandiose de ces grottes est celle découverte par Henri Cosquer, à la fin des années quatre-vingt, cette merveilleuse grotte ornée de peintures rupestres remontant à l'époque de l'homme de Cro-Magnon, qui a enrichi le patrimoine historique et culturel des Calanques.
Depuis la plus haute Antiquité, autour de Marseille, l'importance du trafic maritime, l'existence d'écueils dangereux pour la navigation, et la violence des vents dominants ont provoqué de très nombreux naufrages. Il existe ainsi plusieurs épaves de diverses époques, mais dont la moitié remonte à l'Antiquité. La plus célèbre d'entre elles est celle qui a été exploitée par l'équipe de la Calypso du Commandant Cousteau en 1952, aux abords du Grand Congloué. Ce fut le début de cette belle aventure à laquelle participa l'enfant de Sormiou, Albert Falco. C'est aussi à quelques encablures de là que fut découverte, la fameuse gourmette de Saint-Exupéry et, par la suite, les restes de son appareil.
Gilles MARTIN-RAGET a vu défiler en trente ans de carrière, devant son objectif quantité de pays, d'océans et d'hommes extraordinaires. Il a parcouru le monde pour couvrir les plus prestigieuses courses de voile. Photographe officiel du bateau BMW Oracle Racing, vainqueur de la Coupe de l'America 2010, il s'est attaqué avec humilité au site des Calanques. Deux ans et des milliers d'images plus tard, il nous propose un des plus beaux livres jamais réalisés sur le sujet.
Juliette LAMBOT, grand reporter, en contrepoint des photos de Gilles MARTIN-RAGET, dresse un portrait humain du massif : grimpeurs, pêcheurs, cabanoniers, randonneurs, plaisanciers, scientifiques… Au fil de leur rencontre et de leurs témoignages, elle raconte une autre histoire, celle des hommes et des femmes des Calanques.