Sentiers de randonnée en pleine Nature

Le Pré Orcel situé à 1405m au dessus des Prés – hameau de Sainte Marie du Mont – offre un bon point de départ facilement accessible par une bonne route forestière. La piste est recouverte de feuilles que la grêle d'un orage récent a dû arraché aux arbres – un tapis vert. Et pour le départ prévu à 7h30, quelques gouttes mouillent le pare brise des voitures pendant que nous enfilons les chaussures. Ce seront les seules de la journée. Le temps qui a déjà pourri une bonne partie du printemps ne change pas pour pourrir aussi le début de l'été.

Les clarines d'un troupeau qui monte probablement au Col de l'Alpe résonnent alors que nous attaquons le passage sous la fontaine que les vaches ont dû piétiner il y a peu de temps pour aller boire. C'est donc dans la boue que nous partons vers le Sud sur le sentier des gardes. Avec Patrick, dans la fraîcheur encore matinale nous marchons d'un bon pas sur ce chemin aisé qui descend doucement mais régulièrement. Sans repère dans la forêt pour faire le point, je guette le pierrier qui permet de descendre du Pas de la Rousse – on y est ! Maintenant, le prochain repère sera le carrefour avec le sentier qui monte de la barrière dans le dernier lacet de la piste forestière avant le Pré Orcel – on y est ! Bientôt cela sera la traversée des premières petites combes qui avec les dernières pluies ruissellent juste ce qu'il faut pour rendre le chemin boueux sous un mur rocheux. Toute cette traversée parait longue mais cette fois, nous sommes au pied de la croupe qu'il va falloir gravir. Tout de suite le sol terreux est glissant et rend la marche pénible et fatigante dans la pente raide. Je n'ai pas vu le fléchage blanc mentionné dans les topos en référence, ni les bifurcations indiquées sur la 1/25000e. Mais pas d'erreur nous sommes bien sur la bonne trace – je n'ose écrire chemin… Nous remarquons des marques de pas dans le sens de la descente, de glissade incontrôlée aussi – une personne seule très certainement, mais d'où venait-elle ?

En guise de balisage, de vieilles marques orange passé sont peintes sur les arbres plutôt que bleues ou blanches comme les topos le mentionnent. Habitué à la précision de ceux-ci, cela étonne.

Maintenant au pied du premier couloir, nous sommes sous le célèbre Rocher du Caïman. Au travers des arbres, je guettais la forme qui peut évoquer autre chose… – comme l'écrit Pascal Sombardier dans son guide – des branches pudiques l'ont toujours suffisamment caché pour empêcher une prise de vue cocasse. Comme prévu, la trace contourne par la droite la base du ressaut dominé par ce rocher avant de remonter la rive droite d'un large couloir coupé de petites barres rocheuses. L'eau ruisselle d'un peu partout dans le passage qui maintenant monte dans une raide pente pour déboucher sur une crête herbeuse bien sculptée qui remonte vers une barre rocheuse. L'endroit est idéal pour s'offrir une pause. Les nuages qui montent de la vallée lèchent les parois qui nous entourent.

C'est à partir de cette crête qu'il faut en remontant s'engager dans une grande traversée à gauche pour rejoindre la paroi au pied d'un petit couloir sur la droite duquel un mur est équipé d'une corde fixe en bon état. Correctement attachée au pied d'un petit arbre, elle aide à franchir le passage. Des moutons bêlent, nous ne sommes plus très loin de la sortie. Quelques petits murs coupés de vires herbeuses sont escaladés facilement et je débouche le nez dans quelques fleurs sur la crête tout près du cairn qui marque le passage. La sortie qui domine le Cirque de Saint Même offre à travers les pins un vaste panorama sur les Lances de Malissard à l'Ouest puis vers le Nord sur la Roche Fitta, les Rochers du Fouda Blanc, le Sommet du Pinet, le Granier, et tout le paysage du Col de l'Alpe.

Les marques oranges sont bien là pour guider nos premiers pas en direction de La Rousse suivis par quelques moutons sur une trace bien marquée un peu en contrebas de la crête le plus souvent. Mais les braves bêtes, en nombre probablement, nous ont précédé souillant de la boue du chemin les cailloux et rochers qui affleurent. Sur ce terrain glissant, il faut maintenir toute son attention pour ne pas déraper. Ce qui ne manquera pas d'arriver, et c'est le genoux droit de Patrick qui en fait les frais en premier… Nous traversons bientôt la zone des pins brûlés lors d'un incendie durant l'été 2003 – celui de la canicule.

Nous dominons maintenant le Vallon de Pratcel et dans les pentes de la Roche Fitta, le Pas de l'Échelle est facile identifiable avec son chemin bien tracé. Nous reconnaissons aussi sous un encorbellement, le départ vers le grand sangle du Fouda Blanc. Deux randonneurs sont d'ailleurs sur la crête à l'angle de la face Ouest et passent là un long moment avant de disparaître sur le sangle. Longue hésitation bien compréhensible quand on se souvient du coup d'oeil sur le premier cirque à traverser…

De moins en moins pentue, la crête s'aplatit quand à flanc dans le versant Est, nous débouchons au dessus du couloir de La Rousse. C'est là que ça descend ? Pas d'affolement, nous posons les sacs près du cairn qui marque le passage et c'est évidemment plus facile qu'il y parait à première vue. Il est temps de casser la croûte, le temps calme est frais. Il faut sortir les polaires…

Le couloir est bordé sur chacune de ses rives de superbes parois dominées chacune par des aiguilles caractéristiques. La vue plongeante est magnifique. Prenant le temps, le repos est bienfaisant. Mais il faut penser à descendre. Les bâtons fixés sur les sacs, car nous aurons – au moins dans la première fissure – besoin des mains, nous attaquons le petit lacet qui conduit au dessus du passage, finalement aisé. La sente pierreuse en dessous est facile à suivre.

Plus bas, en revenant vers la paroi en rive gauche, la descente emprunte une pente herbeuse et pierreuse que l'on dévale jusqu'à la proximité d'un ressaut rocheux sous lequel on progresse à flanc en direction du Nord. Après être passé devant le Trou de la Rousse, la sente descend un pierrier rapide jusqu'au sentier suivi ce matin par lequel on revient à gauche jusqu'au parking du Pré Orcel.

Le topo d'Antoine Salvi le précise clairement : Course à ne réaliser que par temps sec. La prochaine fois il faudra entendre son conseil, ne pas le suivre n'a conduit qu'à une fatigue supplémentaire qu'il n'était pas nécessaire de s'imposer.

Bonus préhistorique, le Trou de la Rousse

La période du Bronze final est représentée ici dans cette grotte qui illustre ainsi la pénétration vers l'intérieur du massif attestée par la découverte de haches, d'épingles et par le dépôt de vases – Aperçu sur la patrimoine archéologique de Chartreuse.

Carte, documentation et topos

Vercors, Chartreuse, les randonnées du vertige par Pascal Sombardier pour le Pas du Fourneau - pas de la Rousse.
Le Fourneau, suite par Antoine Salvi pour le Passage du Fourneau, les crêtes et le Pas de la Rousse.

La vidéo d'Antoine

La Rousse (10/07/03)
Une vidéo réalisée par Antoine Salvi

Le Fourneau 1829 m (26/06/07)
Une vidéo réalisée par Antoine Salvi