Sentiers de randonnée en pleine Nature

Parti sans but précis à cause d'une météo incertaine, j'ai laissé la voiture aux Varvats pour au moins reconnaître le sentier bien marqué sur la carte qui donne suite au chemin de Tracarta pour traverser le Cirque de Saint Même en direction du Vallon de Marcieu. Et puis, le soleil poursuivant sa course a éclairé un ciel qui s'est révélé bleu au travers de belles éclaircies. Alors la lecture de la 1/25000ème sortie du sac à dos a permis de fixer un but à cette nouvelle journée passée en Chartreuse : la pierre gravée des Lances de Malissard.

Arrivé dans le double lacet du chemin de Tracarta qui permet de franchir une barre rocheuse, la trace du sentier repérée récemment lors de la balade sur les crêtes du Grand Manti est toujours là, bien tracée – pour ce que j'en vois – dans les pentes que je m'apprête à traverser. Après environ 130 mètres, elle rejoint le pied d'une belle barre rocheuse pour s'engager au dessus du Cirque de Saint Même sur une sorte de sangle. Encombrée par endroit d'arbres mort, la progression reste facile sur la sente cependant de plus en plus étroite. Témoin rassurant d'une certaine fréquentation de ces lieux, le passage a été maintenu par le tronçonnage d'un tronc plus gros que les autres. Cela m'encourage à poursuivre dans les hautes herbes chargées de rosée sur maintenant ce qui n'est plus qu'une vague trace de pas successifs taillés sur le sangle moins boisé et plus pentu qui file près du bord des barres au dessus du grondement des cascades du Guiers. Le sol gras est glissant. Peu rassuré, je m'impatiente d'arriver à la sortie du Pas de la Mort pour y retrouver un sentier plus fréquenté.

J'y suis ! Le passage est indiqué par un simple petit cairn sans autre indication… Je déconseille avec insistance le passage décrit, suivre l'itinéraire classique qui rejoint le GR9 à proximité du Habert de la Dame est sans aucun doute préférable quelles que soient les conditions.

Dans la forêt de l'Aulp du Seuil, le sentier du Pas de la Mort rejoint le GR9 à un carrefour marqué d'un poteau indicateur – mais toujours pas d'indication pour Saint-Même par les pas… Cela est-il suffisant pour décourager les moins expérimentés de tenter la descente exposée ? Le sentier de Grande Randonnée suit la limite de la réserve biologique domaniale, qui rappelons le, est un territoire destiné à l'étude de l'évolution naturelle des forêts en dehors de toute exploitation. Conservatoire de la biodiversité, l'exploration de cette zone est évidemment très réglementée – en particulier, sortir des entiers est interdit.

Le bon sentier file maintenant vers le Sud à travers les alpages en suivant en permanence une sorte de talweg qui doit bien aider à l'orientation si le brouillard venait à tomber – à condition de ne pas en sortir. Arrivé en vue des quelques ruines des Haberts de Marcieu et surtout de la citerne installée à proximité d'une source, je cherche le sentier qui permettra de gravir aisément le versant Est des Lances. Il faudra être très attentif pour remarquer le départ de l'ancien sentier, sauf si l'on tient compte d'un malheureux piquet maintenu dressé, maintenu droit par un tas de quelques pierres sous le point coté 1609m de la carte. La pancarte des topos a disparu. Un reste de la planche de bois gravé sert de banc posé sur des pierres un peu plus loin. Très vite le sentier est mieux marqué dans la pente en s'orientant à l'Ouest pour aller chercher une sorte de talweg dans la forêt peu dense à cet endroit.

Passant sous une première barre rocheuse, il traverse les pentes vers le Nord pour rattraper le pied d'une falaise qui descend des crêtes pour le suivre vers l'Ouest par quelques lacets plus raides dans les pentes herbeuses et pierreuses jusqu'à la brèche. De nombreuses traces d'un vieux balisage confirment le bon itinéraire.

L'inscription romaine située à cet endroit près de la sortie de l'itinéraire qui monte du Col de Fontanieu, semble défier les historiens qui ne savent rien de ces Avéiens. Une plaque commémorative est aussi scellée dans la paroi à la mémoire d'André Charvet mort accidentellement sur ce chemin. La cheminée qui descend de la brèche est impressionnante vue d'en haut, et je poursuis près de la crête vers le Sud vers une terrasse herbeuse accueillante pour une pause face aux paysages de la Chartreuse. La neige a poudré les lointains sommets des massifs de Belledonne, de l'Obiou, du Taillefer, etc. qui occupent l'horizon.

Dans Randonnées dans la Chartreuse, Antoine Salvi décrit dans l'itinéraire n°60, l'ascension de la cime au point coté 1913m en ces termes :

Laissant les sacs, escalader le ressaut rocheux en traversant son flanc Ouest (traces): passage exposé bien que facile et nécessitant prudence. Trouver un couloir menant à la crête et de là au sommet (1913m – 15mn).

Bien assis dans l'herbe confortable pas trop humide, je rêve de bivouac et il faut pourtant penser à descendre de ce perchoir – les nuages montent et le temps se couvre pour devenir menaçant. Cependant, je prends mon temps, savoure les glissades aisées dans quelques pierriers rapides et agréables. De nouveau sur le GR9, la marche ne présente plus de difficultés.

Le sentier traverse le Grand et le Petit Curtil. Assis sur une pierre au milieu de la petite prairie, je me souviens du bivouac installé là avec mes chevaux pour une étape d'une traversée à cheval de la Chartreuse, c'était l'été 1993…

Laissant sur la gauche le sentier de l'aller, je poursuis le GR en direction de l'Alpette. Il traverse plusieurs lapiaz très caractéristiques de la Chartreuse, des Hauts de Chartreuse notamment, avant de parcourir les pentes herbeuses de l'Alpette. Arrivé à proximité des ruines et de la source, j'en profite pour repérer, géolocaliser et photographier la borne frontière France-Savoie n°14 qui manque à ma collection.

En continuant jusqu'au Vallon de Pratcel, le GR facile à suivre permet d'observer tout son environnement. Le ciel bas fait croire au crépuscule, la montagne est silencieuse. Descendant les passage pierreux et rocheux qui précèdent la prairie, le crissement d'une colonie de grillons s'impose de plus en plus fort. L'insecte aura trouvé le paisible vallon pour s'établir et se développer. C'est la présence très localisée des orthoptères qui rend étrange cette observation.

Encore une raide descente avant de retrouver au point coté 1278m l'itinéraire du départ par la fontaine de Rigne Bâtons. Pas grand monde sur le parking, la voiture d'un couple qui termine aussi sa randonnée et celle marquée du logo de la Réserve Naturelle des Hauts de Chartreuse…

Carte, documentation et topos