Sentiers de randonnée en pleine Nature

200 mètres après le lacet du Pré de l'Arc 1565m, il est possible de stationner dans un élargissement de la route de Paganon [ UTM 31 0735375 5013963 ]. Le constat est évident, beaucoup de voitures s'arrêtent à la fin de la route goudronnée au Pont de la Betta 1336m, certainement pour éviter le parcours de 2,3 kilomètres de mauvaise piste cahotante. Chacun choisira, mais cela ne change pas grand chose, 120 mètres de dénivelé en plus pour 1 kilomètre en moins et un temps comparable de 1h15.

Le parcours de la route Paganon semble long. Mais pourquoi ce nom ? Ministre des Travaux Publics dans les années 1930, Joseph Paganon est né à Laval. Le futur Ministre de l'Intérieur décida de faire construire une route empruntant le Pas de la Coche – la seule entaille importante qui traverse Belledonne d'Est en Ouest – pour désenclaver l'Oisan en ralliant le Grésivaudan à la vallée de l'Eau d'Olle. Aujourd'hui, nous pouvons nous réjouir que ce projet n'ait pas abouti et que la route n'ait jamais été terminée. Elle se termine par une plate forme [ UTM 32 0265375 5012248 ] et devient un bon sentier qui amorce une courte descente avant de poursuivre à flanc en contournant la base du Jas des Lièvres pour s'orienter à l'Est. Quitter la route de terre rend un peu plus sauvage le paysage.

Traversant à cheval le Pas de la Coche dans les années 1990, le habert d'Aiguebelle était un refuge gardé et j'y avais trouvé restauration et réconfort après une longue journée en selle. Aujourd'hui, l'habitation semble réservée aux bergers.

Passé le habert, l'ascension commence vraiment en remontant de larges lacets dans les pentes au Nord qui soutiennent le Vallon du Vénetier. Laissant à droite le premier lac, toujours bien tracé, le sentier qui traverse maintenant le fond du vallon conduit au pied du versant Sud-Est sous le Col de la Jasse que l'on atteint après l'ascension de 180 mètres de dénivelé. Dominant le domaine skiable de Prapoutel, la vue sur la Chartreuse qui s'étend du Sud au Nord du massif, est superbe et c'est un régal de dresser l'inventaire des sommets et passages bien connus au dessus de la vallée du Grésivaudan. Au Sud, le bastion du Vercors présente ses longues murailles.

Devant le si vaste paysage, prenant cependant le temps d'apprécier, j'ai déjà remarqué les nombreuses silhouettes qui peuplent le sentier à proximité des lacs – j'ai une petite heure d'avance – je m'engage rapidement sur l'arête appréhendant de me retrouver au sommet dans l'affluence.

Le parcours de la crête est facile, des petits névés occupent les endroits les moins ensoleillés. Sommet ! J'y retrouve le randonneur qui partait ce matin du Pré de l'Arc pour traverser la Dent de Bédina, je n'en saurais pas plus sur son itinéraire. Par deux le plus souvent, d'autres randonneurs atteignent le sommet. Une file indienne d'une trentaine de personnes traverse le fond du vallon… Pour déjeuner, je vais chercher la tranquillité au Col du Pra par une traversée facile hors sentier.

Profitant de cette ascension, je tente une reconnaissance sur l'arête. Les premiers passages sont faciles, mais je n'irai pas très loin, je manque de la ténacité nécessaire pour m'engager seul sur ce terrain délité. Aussi, j'ignore presque tout des difficultés de la traversée et de la descente sur l'autre versant de la dent. Du col, j'ai parcouru 150 mètres avant de faire demi tour en retrouvant les vagues traces et les cairns suivis pour arriver jusque là.

Quittant le fil de l'arête, je m'engage dans la descente du raide pierrier – désagréable. Recherchant les passages plus confortables, je rejoins le pied herbeux des rochers en rive gauche. Un vieux chemin qui semble y être tracé facilite grandement la descente, mais il faudra quand même traverser pour descendre quelques raides ravines avant de rattraper le confortable fond du vallon et retrouver enfin, le chemin de la montée. Un rocher large et plat m'accueille pour une pause méritée à l'écart du passage de la descente déjà fréquentée.

Le soleil qui descend sur l'horizon, l'air vif, me rappellent à la réalité. Il faut y aller, descendre avant le gros du flot des visiteurs. Le long retour en voiture permet de revivre les détails de ce beau parcours en altitude. Une redécouverte au coeur du massif qui m'a donné l'envie de dessiner d'autres traces par crêtes et vallées, par pas et cols. Les repères sont pris, mais la météo annonce la neige sur les Alpes du Nord pour les premiers jours de la prochaine semaine…

Carte, documentation et topos

Belledonne et Sept-Laux, les plus belles randonnées par Jean-Michel Pouy pour la Cime de la Jasse.