Sentiers de randonnée en pleine Nature

La Montagne d'Arvillard domine la sauvage vallée du Bens, rendue célèbre par l'ancienne Chartreuse de Saint Hugon dont les bâtiments ont été achetés au début des années 80 par l'Institut Karmaling, un petit groupe de pratiquants bouddhistes. Val Pelouse est facilement accessible en voiture par la route de l'ancienne station de ski, où l'on pourra stationner vers 1700m d'altitude. Mais un glissement de terrain que des engins mécaniques sont en train de dégager nous bloque sous les derniers lacets à plus d'un kilomètre du terminus. Une marche sur le goudron ne me tente pas, Philippe Mahieu non plus. Pour partager cette nouvelle journée, nous commençons donc par une étude rapide de la 1/25000e qui nous renseigne sur l'existence d'un petit bout de route menant à l'arrivée d'une piste de ski abandonnée – la forêt reprend le dessus – 1530m [ 32T 0278028 5033537 ]. Comme pour raviver les souvenirs récents de la Combe de Chaulange, la végétation abondante chargée de rosée rince les bas de pantalons et lave les chaussures. Après 170 mètres de dénivelé qui n'étaient pas nécessaires, nous traversons la prairie au-dessus des parkings. La présence d'une voiture nous nargue, la route a donc été rouverte entre temps…

Sans difficulté le parcours de la crête de la Montagne d'Arvillard est magnifique. Dans l'air frais et pur de ce début de matinée, marcher sur le bon sentier est un vrai plaisir. Un peu de neige tombée au cours du week-end souligne le relief des sommets de Belledonne pour les embellir.

Passé la bifurcation de la Crête du Gargoton, alors que le sentier file tranquillement vers le Col de la Perrière, les Grand Moulins s'imposent dans le paysage. De face et dans l'ombre, l'Arête Nord Ouest parait sévère et… raide !

À gauche, la descente vers le beau vallon de l'Arbet Neuf, à droite celle vers le refuge de la Perrière – nous sommes au col – en face une vague trace conduit au pied du premier ressaut de l'arête, première défense des Grands Moulins.

Le premier ressaut boisé est raide. Les bâtons attachés sur le sac à dos laissent les mains libres pour s'accrocher à de bonnes prises, racines ou rochers quand cela devient nécessaire. Une petite sente relie les passages, les nombreux caïrns sont bien utiles.

Avec l'altitude, la végétation se rabougrit, fait place aux rhododendrons qui égaient l'ambiance sauvage de toutes leurs fleurs. Plus rocheux, le deuxième ressaut est un empilage raide de gros blocs parfois instables dans lesquels le meilleur chemin s'improvise, cependant sans grande difficulté, toujours aidé de quelques caïrns. Bientôt, nous côtoyons le couloir Nord Ouest alors que les pentes s'apaisent pour franchir une sorte d'épaule verdoyante et fleurie. L'étroit goulet de 500 mètres de dénivelée offre aux skieurs amateurs de sensations fortes, des pentes qui flirtent avec les 45° coupées par un ressaut rocheux.

Un replat, château branlant de blocs empilés en un grand désordre, permet une pause réparatrice, le temps de prendre son souffle et quelques photos.

Le cheminement plus aisé offre plus de liberté pour se livrer à la contemplation d'un bel environnement, rendu très ouvert par la situation isolée de la montagne.

L'altimètre monte régulièrement, 2200m, 2300m puis vers 2400m, une trace presque horizontale quitte la crête vers le Sud pour traverser dans le versant Ouest. Tentés de poursuivre vers le haut, elle nous surprend. Le topo publié sur bivouak.net revient à la mémoire. La pente sommitale à laquelle elle donne accès n'est pas visible. Alors, allons voir !

Au pied du pierrier, puiser dans les réserves pour trouver la force nécessaire, se lancer et franchir la dernière centaine de mètres. Sommet !

Pour s'installer confortablement à proximité du caïrn du sommet, il faut choisir la bonne pierre – choix difficile, tellement il y en a. Sur l'inventaire de 360°, nous identifions bon nombre de sommets. À deux, c'est plus facile et nous réussissons à faire le tour d'horizon ; les cartes sorties des sacs à dos permettent de lever les doutes quand nous hésitons.

Mais il faut envisager la descente. Les premiers mètres de l'arête Sud faits de pierres instables sont pénibles et c'est un plaisir de retrouver la terre ferme sur le fil de l'arête.

Raide, le sentier est bien tracé, mauvais par endroit, il reste facile à suivre. Vers 2250m, une brèche marque la fin du parcours de l'arête Sud [ 32T 0280818 5031466]. Par un grand lacet, il rejoindra bientôt le sentier du Col de la Frèche pour s'orienter progressivement vers le Nord et passer juste au-dessus du refuge de la Perrière.

C'est un champ de fleurs que nous traversons. Tenter de les identifier toutes occupe l'esprit pendant ce long retour, tantôt montant, tantôt descendant – en courbe de niveau pourrait-on dire ! Toute la randonnée s'est déroulée dans un environnement presque vierge, sauvage. La civilisation éloignée s'est laissée oublier durant quelques heures passées dans ce beau coin du massif de Belledonne, comme une invitation à revenir.

Carte, documentation et topos

Topos publiés sur bivouak.net Grands Moulins par l'arête Nord-Ouest et Grands Moulins itinéraire classique pour la descente.

Le récit de Philippe Mahieu illustré de photos Grands Moulins, arête Nord-Ouest.

Belledonne et Sept-Laux, les plus belles randonnées par Jean-Michel Pouy. Éditions Glénat, Collection Montagne Randonnée dirigée par Pascal Sombardier.