Sentiers de randonnée en pleine Nature

Depuis Cervières, deux routes de terre conduisent au point de départ. À celle très mauvaise à rouler, qui commence après le village dans le lacet de la route du Col d'Izoard pour traverser les anciennes carrières des Chalmettes, on préférera celle qui commence en haut du village sous l'église Saint-Michel [ 32 T 319997 4971155 ]. Traversant le Mur des Aïtes, le parking retenu est distant de 3,7 kilomètres depuis Cervières [ 32 T 321984 4971886].

Passant par la borne 1923, le chemin bien tracé suit la croupe d'une moraine à travers l'alpage de Peyre Moutte. Marchant au Nord Ouest, arrivé au pied d'un ressaut plus raide, le sentier en coupe un autre qui permettrait de descendre sur Cervières. Des rondins retiennent la terre pour contenir l'érosion, une rambarde complète l'aménagement d'un court passage.

La pente s'adoucit quand je surprends une colonie de nombreuses marmottes. Alerte ! Sauvages, les sympathiques rongeurs fuient dans toutes les directions. À deux ou trois mètres, une m'observe dressée à l'entrée de son terrier. Le temps de préparer l'appareil photo, elle a disparu profitant de mon inattention…

Le chemin contourne maintenant la zone humide du lac des Sarailles. Jusque sur la crête, le paysage sera occupé par le Chenaillet et son arête Ouest.

Peinte récemment, de couleur claire sur le fond pierreux, la Cabane des Douaniers se voit de loin. Ce n'est pas une ruine comme je l'imaginais, la maisonnette semble même, bien entretenue. Toujours bien tracé le chemin monte au Nord Est se frayer un chemin à travers les ressauts de l'arête ponctuée des panneaux d'explication du sentier géologique.

Passé 2400 mètres, la vue s'élargit. Au-dessus de Montgenèvre, les crêtes de Château Jouan occupées par le Fort du Janus et vers l'Ouest, le Massif des Écrins déjà pris par les nuages, occupent le paysage.

Les couleurs variées des pierres et ressauts surprennent. Si les explications des panneaux du sentier géologique satisfont en partie la curiosité, il n'en reste pas moins que leur bonne compréhension reste l'affaire des spécialistes.

La facilité pour suivre l'itinéraire permet de s'ouvrir à l'environnement remarquable. Les paysages sont grandioses. Et si, dans l'univers minéral si particulier du Chenaillet, l'herbe est rare, chaque petite pelouse, chaque touffe est semée de fleurs colorées. La joubarbe est reine et une fleur jaune abonde dès 2500 mètres au bord du chemin.

Au détour du sentier, le Grand Pic de Rochebrune point culminant du Massif du Queyras, domine l'horizon et provoque une nouvelle envie d'ascension. Le projet est inscrit pour un autre séjour sans les Hautes Alpes.

Les stigmates des combats de 1940 et 1944 sur la frontière franco-italienne, ont marqué le paysage. Des amas de fil de fer barbelé, des ruines d'abris sommaires et des restes de tranchées sont nombreux à l'approche du sommet et rouillés les éclats d'obus se confondent avec les pierres enrichies de fer.

Trois tables d'orientations sont dressée à la cime, au Sud pour le Massif du Queyras, à l'Ouest pour le Massif des Écrins et au Nord pour Montgenèvre et le Chaberton. En détaillant le tour d'horizon contemplatif, mon regard s'attarde sur le Chaberton et à son pied, le Vallon des Baisses encore sauvage aujourd'hui. La haute vallée est l'objet du projet d'extension du domaine skiable de Montgenèvre contre lequel sentier-nature.com, en relayant l'action du CAF de Briançon, a publié un appel à signer la pétition mise en œuvre sur Internet.

Toujours bon et aménagé, le sentier descend la crête vers l'Est. Un câble a même été posé en main courante pour faciliter la traversée de la pente plus raide à cet endroit. Le passage est pourtant débonnaire, mais la fréquentation importante du lieu est une explication. Mais parti tôt, je n'ai croisé que des marmottes…

Au Col du Souréou, sans remonter au collet 2648 sous le Grand Charvia pour suivre la variante du Lac Gignoux par la crête, je descends directement sur les lacs.

Brun rouge, vert, bleu, les couleurs variées des rochers et des éboulis surprennent encore dans les pentes Sud ensoleillées. À partir du Lac Noir, plus de marmottes mais des randonneurs qui montent au soleil dans la chaleur de la fin de matinée.

Une grande partie de l'alpage des Fraches est taillé en terrasses dont la raison n'apparat pas évidente. Pour retenir la terre, faciliter la moisson dans des pentes toujours trop raides ? Pour quelle culture à plus de 2000 mètres ?

Franchissant la crête du point 2133 par un raccourci, le grand chalet de la ferme des Fraches apparaît dans la verdure de l'alpage, pour se détacher dominé par les falaises calcaire du Lasseron et de la Turge de Peyron, antécime de la Charvie. Des vaches s'abritent du soleil dans les vastes étables du chalet couvert de bois.

Agréable et tranquille, la descente se poursuit sans surprise jusqu'au village pittoresque de Lachau. La piste traverse les parkings encombrés de nombreux véhicules. Encore 150 mètres pour retrouver le point de départ. La vallée de la Cerveyrette permet d'autres randonnées encore plus sauvages, encore un endroit à inscrire parmi les autres projets de séjour.

Carte, documentation et topos

Briançonnais, les plus belles randonnées par Jean-Luc Charton pour Le Chenaillet.

Le Chenaillet sur l'Atlas géologique des Alpes françaises qui explore leur constitution en scrutant leurs paysages, le site de Maurice Gidon.