Sentiers de randonnée en pleine Nature

Arrivé aux premières maisons de Notre-Dame des Millières, à partir de la D925, 12,4 kilomètres d'une petite route goudronnée que l'on voudrait plus large en croisant un autre véhicule monte depuis 335m jusqu'au Planet, point 1314m [ 32T 0294467 5053742 ]. Dans le lacet, une piste de terre part à droite jusqu'au parking du Chalet de la Tuile, 1780m [ 32T 0294455 5051791 ].

Le chalet refuge est encore endormi, mais une grande activité semble régner dans la bergerie. C'est l'heure de la traite. Avec Philippe Mahieu, nous suivons le sentier du retour de la Dent du Corbeau traversée dans la première quinzaine d'août 2009. Depuis nous rêvions de revenir parcourir la montagne attachante et sauvage, belvédère exceptionnel sur tous les massifs alentours.

La montée sévère est soutenue pour rattraper la crête dans une dépression à environ 2230m au Nord du sommet de la Tuile – petit sommet sur la crête où nous avions cassé la croûte l'an dernier [ 32T 0295352 5051084 ].

Suivre l'arête en direction du Grand Arc, offre le plaisir d'un parcours aérien et facile dans un paysage vaste, riche d'une vue exceptionnelle… Enfin si le temps avait respecté la prévision de Météo France, car aujourd'hui encore, des nuages denses occupent les hauts massifs et le ciel se couvrira, ne laissant plus la place qu'à de belles éclaircies.

Les pointements de la crêtes occasionnent, montées et descentes. Les traversées dans un versant ou dans l'autre se succèdent. Philippe qui me précède, attire mon attention en silence. En contrebas, à deux cent mètres une harde de chamois prend la fuite vers le Sud, bondit à travers l'alpage couvert de rhododendrons. Combien sont-ils ? Une soixantaine, notre estimation sera contredite un peu plus tard par un jeune chasseur du pays : 70 ! C'est aussi la première fois qu'il observe une harde aussi nombreuse.

Le dernier ressaut se contourne par l'Ouest. Le passage exposé du sentier traverse des pentes très raides, vertigineuses. Les chaussures se chargent de rosée – il a dû pleuvoir dans la nuit… Philippe le confirmera, il suffit de poser le pied sur le rocher, et les lichens qui se mouillent le transforme en une traître savonnette…

Au pied du dernier ressaut, celui du sommet, je range un bâton sur le sac et l'appareil photo dans son étui. L'escalade parait impressionnante. Il n'en est rien et ce qui nous attend est plutôt facile. Sans suivre le file de l'arête, nous traversons en courbe de niveau vers le Sud par une petite sente jusqu'à l'aplomb du sommet. La montée en courts lacets est jalonnée de quelques cairns rassurants.

Au sommet, nous retrouvons le jeune chasseur. Monté avec ses amis par l'arête Sud Est, il décrit le passage comme facile et sûr – à retenir ! De plus le fil d'une arête escarpée est toujours plus esthétique qu'une face pierreuse. L'herbe couchée est tassée sur les replats, la forte odeur d'urine confirme que nous remontons le dortoir des chamois à l'abri des vents de Sud et de Nord.

Une croix métallique, deux tables d'orientation en demi-lune pour faciliter la lecture du vaste paysage, la borne mentionnée sur IGN aménagent le sommet. Le jeune chasseur accompagné d'un enfant, de son chien suivi d'amis est fier de nous annoncer que là, où ses pieds sont posés, il est chez lui. Nous ne comprenons pas de suite qu'il ne s'agit pas des communaux de son village, mais de sa propriété. Avec quelques autres bénévoles, il entretiennent et nettoient les chemins de l'immense territoire. Cependant, il ne manquera de préciser qu'il serait imprudent de s'aventurer par ici après l'ouverture de la chasse… On peut être sympathique, mais il reste toujours difficile de se refaire !

Par l'itinéraire normal de l'arête Sud Ouest, un couple d'abord puis d'autres randonneurs montent vers le beau sommet. Nous en croiserons de toutes sortes, alpins, trailers, runners, etc. Même un homme, habillé d'un simple boxer short alors qu'il fait plutôt froid et que le fort vent de Sud ne cesse de nous bousculer. Il tient son chien en laisse et monte pieds nus dans la caillasse.

Traversée, petite remontée jusqu'au sommet du Petit Arc. Sous le sommet, abrités nous posons les sac à dos. Téléphone rassurant aux famille, avant de casser la croûte face aux Bauges. Philippe connaît bien les montagnes de Haute Savoie, j'essaie de retenir le nom de chacun des sommets qu'il énonce presque sans hésitation…

Descendant l'arête presque Nord Ouest du Petit Arc, il n'est de cesse de ressentir l'immensité du paysage. Nous commençons la descente de la longue crête qui plus bas, par le Fort de Montperché descendra jusqu'à Aiton – la prison militaire, épouvantail des appelés des années 1970… Le lieux est maintenant bien paisible loin des appels à la paix des antimilitaristes de tous bords…

Arrivé vers 2080 m, sur un ressaut bien marqué de la crête [ 32T 0293057 5049545 ], une bonne sente permet de poursuivre la descente vers le Nord – la bonne direction. Avec en contrebas de la crête deux petits lacs, des sagnes marécageuses, nous marchons vers l'Est retrouver une bonne sente. Laissant à gauche le sentier du Chalet du Marret, une trace intermittente conduit ensuite à la descente qui aboutit à la cabane des Michelettes récemment remise en un très bel état. Le GPS permettra de trouver le vieux chemin encore mentionné sur la 1/25000e [ 32T 0293850 5050374]. Malgré l'orientation difficile, cette section particulièrement sauvage est très belle. Rejoindre le Chalet du Marret aurait sans aucun doute été plus facile pour traverser ce magnifique cirque.

De la cabane, le sentier descend vers le ruisseau pour traverser un pré marécageux, le point 1664. Des traces mènent au sentier qui descend le vallon en direction de la jasse en ruines. Monter à droite permet de rejoindre une trace ascendante vers l'arête nord-ouest de la Tuile. Sous les vernes, elle ne tarde pas à se transformer en bon sentier sur la courbe de niveau 1700m [ 32T 0294324 5050659]. Le chemin monte suivre la courbe 1750 pour basculer sur l'autre versant vers le Chalet de la Tuile [ 32T 0294128 5051568 ]. Le petit dénivelé est bien pénible pour finir la longue course. Enfin, la terrasse du chalet-refuge nous accueille. Une bière espérée depuis longtemps épanche notre soif légitime… Le temps passe, pour certains les vacances touchent à leur fin, la montagne retrouvera sa tranquillité seulement troublée les fins de semaine et les jours d'ouverture de la chasse. L'automne est en approche…

Carte, documentation et topos

Sur bivouac.net, Philippe Mahieu propose le topo de la randonnée Grand Arc, traversée depuis le chalet de la Tuile (2484m).