Sentiers de randonnée en pleine Nature

Le printemps est là. Philippe Mahieu a rangé les skis, j'ai rangé les raquettes depuis longtemps déjà… Nous pouvons reprendre les sorties communes. Cela fait longtemps que cette superbe randonnée était inscrite dans la liste des nombreux projets à partager. Tôt le matin, la voiture est stationnée dans la montée à droite du hameau de Bourgmenu, un kilomètre au Sud de Saint-Andéol [ 31T 0700818 4981011 ].

Lâcher cette route dès son premier coude pour un large sentier à gauche. Il passe au-dessus d'une ferme et grimpe directement à l'Ouest à travers champs et bois. Il laisse à droite un sentier, coupe la piste nordique, dessine un coude à gauche, laissant un nouveau sentier et, après une montée plus raide, s'adoucit en arrivant dans les champs du Clos de Bourgmenu.

À travers champ par le chemin rural, le paysage ouvert permet déjà la lecture des falaises orientales du Vercors. Localiser le Pas Morta permet d'imaginer la longue traversée vers le Sud qui monte au Pas de Serre Brion en passant par l'abri de la Peyrouse sur le Balcon Est.

Il traverse la route forestière et poursuit dans la prairie. Le bois atteint, avant un énorme bloc rocheux, prendre un sentier à gauche. Il grimpe dans les taillis puis rejoint la forêt. Il dessine une douzaine de lacets, d'abord sous son couvert, puis dans les herbes à son orée.

Jusqu'au Grand Clos, longue, soutenue, la montée parait bien longue; égayée seulement par quelques fleurs printanières. Et puis, à travers le Bois de la Peyrouse, dessiné en nombreux lacets, le bon sentier devient agréable jusqu'au Balcon Est. Passée l'orée du bois, le paysage des falaises devient grandiose. L'attention se fixe sur l'échancrure du raide couloir du Pas Étoupe, passage ancestral plutôt déconseillé aujourd'hui.

Il rejoint le sentier du Balcon Est. Un peu plus loin (Sud) après  la cabane de la Peyrouse, le quitter pour un petit sentier s'élevant en écharpe dans la pente herbeuse. Il exécute un premier lacet pour aller couper les escarpements d'une petite croupe. Plus loin, un second qui amène au pied des premiers moutonnements rocheux.

Passé le bel abri de la Peyrouse récemment reconstruit, l'aventure commence en s'élevant par le sentier étroit dans la pente herbeuse ouverte sur le paysage somptueux.

Un troisième permet de surmonter une ceinture rocheuse sur laquelle il continue au Sud. Enfin, un quatrième conduit au pied de la paroi qu'il suit. Débouchant dans la pente herbeuse, au sommet d'un couloir, il la surmonte en courts lacets serrés pour trouver un autre couloir pierreux. Le sentier revient alors à gauche sous la roche et gravit quelques escarpements pour atteindre le pied de la falaise.

Le sentier plus étroit n'est plus qu'une trace. Retailler l'ensemble du tracé apparaît nécessaire, faute de quoi il disparaîtra rapidement. Je doute que le passage des randonneurs suffise à le maintenir en état. Ce n'est pas tant, la perte du confort de randonner sur ce genre d'itinéraire, que le respect de toute la sueur versée pour l'entretenir, dans un passé pas si lointain, qui justifie le constat. De nombreux passages encore soutenus par des murets de pierres sèches construits en remblais peuvent être observés, ils témoignent de l'importance passée de l'itinéraire. Dans les endroits à l'abri de l'érosion, la largeur du passage permet d'imaginer l'importance du chemin. Même à la sortie du Pas de Serre Brion, de très courts lacets taillés dans le fond du couloir se devinent encore. Le même constat pourra être fait plus loin en descendant les vires du Pas Morta : deux hauts murs ont été édifiés pour empêcher l'éboulement du fond du couloir, par exemple.

L'ensemble de la traversée exposée au pied de la falaise nécessite de la prudence et un pied sur, mais il n'y a pas d'autres difficultés. Cheminer dans cette ambiance extraordinaire apporte une satisfaction certaine et un plaisir rare.

Il la suit au Sud sur une large vire herbeuse qui s'achève par une courte descente dans le couloir du Serre-Brion.

Arrivé trop rapidement à la fin de la vire, nous profitons un instant encore de l'ambiance. Philippe est déjà au pied du couloir alors que je m'engage dans la courte descente vers le fond. "Il reste de la neige !" En réponse, soudain inquiet, je lance : "Ça passe ?"

Le remonter rive droite, puis rive gauche. Demeurer dans sa branche droite lorsqu'il se divise. Dans le haut, il revient dans la branche gauche pour surgir au Pas de Serre-Brion.

"Ça devrait en restant à droite". Les bâtons rangés sur le sac à dos laissent les mains libres pour saisir de bonnes prises rassurantes.

Et le passage commence par la droite sur du rocher plutôt solide dans la pente raide avant de suivre le bord du névé en assurant chaque pas dans la neige. Les prises de mains assurent l'équilibre.

Plus haut, une courte traversée dans la neige permet de prendre pied en rive droite. Il n'y aura plus de neige jusqu'à la sortie. Passé la belle aiguillette élancée, je rejoins Philippe au débouché du pas.

Partir à droite (Nord) en s'élevant légèrement dans le flanc Ouest de façon à passer au niveau de plusieurs brèches et d'éviter une barre rocheuse. Après la traversée d'une petite épaule descendante à l'Ouest, on découvre les cimes en enfilade.

La 1/25000e mentionne un point coté 2003 sur la crête du Ranc Traversier. Naturellement, c'est le point de passage que nous atteignons. Des voix aériennes permettent de repérer un parapente bi-place qui nous domine. Le trafic aérien est important : des planeurs grincent dans le vent à chacun de leur passage, trois parapentes…  Plus loin, le couloir de la Peyrouse traversé [ 31T 0698794 4979859 ], un cairn bien visible marque le vrai sommet qui domine la belle arche sur une vire en pleine falaise. En regardant la carte plus attentivement, le sommet du Ranc Traversier s'élève plutôt à 2030 m et serait situé à la pointe septentrionale [ 31T 0698948 4979657 ]. Sans conséquence, la petite erreur d'interprétation est seulement agaçante…

Rejoindre alors la crête herbeuse et la suivre au Nord. Après la cime de La Peyrouse (2 011 m), elle plonge jusqu'au Pas Etoupe (panneau du Parc).

L'estomac descendu dans les talons, la faim manifeste le besoin d'une pause. Les sacs à dos à terre, le pique nique domine la rive gauche du couloir de la Peyrouse. À nouveau nous entendons distinctement des voix, mais cette fois le ciel est vide et personne n'arpente les alentours. Hallucination collective ou grimpeurs dans une voie d'escalade ? Le bruit du vent peut-être. La violence d'une rafale arrache le bob de Philippe, la 1/25000e décolle. Sans traîner, frigorifiés, nous reprenons la marche vers le Nord pour descendre traverser le Pas Étoupe [ 31T 0698973 4980554 ].

Continuer en écharpe, passer un premier épaulement, puis se diriger vers un second au-dessus des derniers bouquets de pins. Il s'atteint dans une pente abrupte à l'horizontale. De là, grimper au cairn sommital de la sixième tour du Playnet.

Du Pas Étoupe, décidément peu engageant, nous montons vers 1880m traverser en courbe de niveau, par une sente mieux marquée en direction d'un vague collet [ 31T 0698947 4981070 ] 1905m. Nous n'avons pas suivi l'itinéraire d'Antoine qui passe par la borne 1979 des Rochers du Playnet.

Dévaler la pente herbeuse jusqu'au Pas Morta tout proche. Le sentier descend son couloir rocheux et rocailleux.

La sente a disparu, nous traversons au mieux en direction du Pas Morta qui marque la fin de la traversée.

Son corridor rocailleux descendu, le sentier emprunte un système de vire dans la rive droite très escarpée du couloir. Un court passage rocheux exposé, très étroit, oblige à flirter avec le rocher. Rejoignant le fond du couloir sous les murs de soutènement dont on a déjà parlé, traverser un névé, conduit en rive gauche. Le sentier en lacets a presque complètement disparu dans l'éboulis.

Parvenu sous la dernière ceinture rocheuse à gauche, dans un virage, se présente un petit sentier. Le suivre au Nord jusqu'à sa jonction avec le sentier du Balcon Est.

Dans le pierrier, tracé en longs lacets, le sentier devient confortable. Sa pente régulière contraste avec les passage raides au début de la descente. Il est certain que c'est un bon chemin certainement coûteux en entretien, qui montait par là franchir la falaise, pour descendre en direction du Purgatoire. À noter qu'aucun sentier n'est visible dans le versant Ouest sous le pas…

Le topo d'Antoine évite un long retour moins logique qui irait par l'Abri de la Peyrouse rejoindre l'itinéraire de montée. La bifurcation se situe vers 1670m [ 31T 0699402 4981475 ]. Comme pour le Balcon Est, des traits jaune/vert jalonnent le passage – curieux !

Quelques cent cinquante mètres après, plonger à droite dans les traces blanches d'un bon pierrier. Plus bas, elles reviennent à gauche sur d'autres traces qui dévalent directement la pente. Les pierres devenant plus grosses, garder le sentier qui, à travers des taillis, rejoint la route forestière.

Le panneau indicateur du PDIPR, qui marque la jonction avec le Balcon Est n'apporte pas de réponse à notre question. Philippe est heureux de dévaler le long pierrier [ 31T 0699600 4981862 ]. Facile au début, vers 1380m nous suivons maintenant les lacets du sentier jusqu'à la route forestière.

Revenir sur celle-ci à droite (Sud). Après cinq cents mètres de légère montée et avoir laissé à droite une petite carrière et une piste montante, elle aborde un plat. En face de l'enfoncement d'une seconde carrière, démarre, à gauche, un sentier peu évident au départ. Puis, mieux marqué, large et herbeux, il dégringole dans le bois, traverse la piste nordique et va rejoindre le sentier de montée (1 148 m) qui ramène à la route.

Bientôt, nous descendons l'itinéraire du matin vers le point de départ. Les pieds brûlent dans les chaussures, les jambes sont douloureuses, mais la longue randonnée laissera un grand souvenir. Celui d'un parcours à recommander, mais à réserver aux randonneurs expérimentés.

Carte, documentation et topos

L'itinéraire [Rochers du Ranc Traversier, de la Peyrouse et du Playnet] est disponible au format de fichier PDF.
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La vidéo d'Antoine

Ranc traversier
Une vidéo réalisée par Antoine Salvi

Randonnées dans le Vercors Sud, Itinéraire n°05 par Antoine Salvi.

Les 100 Pas du Vercors - Édition 2016, randonnées sur les passages d'antan par Bernard Jalliffier-Ardent.

Vercors, Chartreuse, les randonnées du vertige par Pascal Sombardier (Édition 2009).